Sismothérapie Electrochocs







"Sismothérapie/ Électrochocs"
Mapping on 3D Print motorised - Arduino // Projection on 4 glass frames // Mapping on 3D print face of Antonin Artaud
Théâtre de Liège, salle des pieds légers - Émulation
From May 7 to June 6, 2015 (with an opening reception on May 6 from 6:00 to 8:30 p.m., open to everyone), the Société libre d’Émulation invites video artist and visual creator Ronald Dagonnier to take over the Salle des Pieds Légers at the Théâtre de Liège.
For this project, he calls upon a figure deeply meaningful in this theatrical space and personally significant to him since adolescence: Antonin Artaud.
Through advanced techniques of 3D modeling and printing, mapping, and video projection, Ronald Dagonnier brings back to life this major figure of 20th-century culture, for whom creation had to be fully embodied, with rage and excess.
The installations presented capture something of this painful outburst. Indeed, Dagonnier conjures the author of The Theater and Its Double in striking ways. By projecting across multiple layers of material, Artaud’s modeled face takes form and comes alive in space. The video artist also makes us hear—and even see—the playwright’s voice through a jagged yet subtle play of light cast onto moving waveforms, three-dimensional graphic representations of excerpts from the radio broadcast To Have Done with the Judgment of God. Thus, he creates an exhibition that, through the combination of techniques employed, evokes Artaud’s ideal of a total work of art.
This work is total also in the richness of the meanings and paradoxes underlying it. First, there is the use of cutting-edge technology to highlight the playwright’s critique of an artificial, productivist modernity. Indeed, the words of Artaud, amplified by these sophisticated devices, are entirely turned toward denouncing those “ignoble synthetic substitutes where true nature has no place.”
Moreover, these systems are set in motion by the movements of the audience. Here again, technology so reviled by Artaud paradoxically fulfills his premonition of a total art directly involving the spectator.
Furthermore, the presence of waveforms embodying the electrical transcription of the playwright’s voice—and the very fact that electricity is required for this entire environment to function—underline a schizophrenic dimension that also echoes Artaud’s psychiatric condition. This not only contradicts his denunciation of a factitious, violent modernity and machinic society but also recalls the terrible electroshock sessions he endured as treatment for his mental illness—shock therapy he experienced as a torment that left him shattered and annihilated.
It is this complex network of links and paradoxes that Ronald Dagonnier reveals through his installation. By foregrounding a fierce critique of technicity, he frees himself from any servitude or complacency toward his own tools. He thereby fulfills the wager of an exhibition that, by realizing a technological oxymoron, creates the experience of a strange enchantment.
Gauthier Simon
Du 7 mai au 6 juin 2015 (vernissage ouvert à toutes et tous le 6 mai de 18H00 à 20H30), la Société libre d’Émulation invite le vidéaste et plasticien Ronald Dagonnier à investir la Salle des Pieds Légers du Théâtre de Liège. Pour ce faire, il convoque une figure qui fait sens dans ce lieu de théâtralité et qui, par ailleurs, le touche depuis l’adolescence : Antonin Artaud. Par le biais de techniques avancées de modélisation et d’impression 3d, de mapping et de projections vidéo, Ronald Dagonnier redonne vie à cette figure majeure de la culture du 20ème siècle pour qui la création devait s’incarner totalement avec rage et excès. Les installations présentées restituent une partie de ce douloureux emportement. En effet, Ronald Dagonnier fait apparaître l’auteur du Théâtre et son double de manière saisissante. Par un jeu de projections sur plusieurs couches de matière, son visage modélisé se concrétise et s’anime dans l’espace. Le vidéaste nous fait également entendre mais aussi voir la voix du dramaturge au travers d’un jeu saccadé et subtil de lumières appliquées sur des formes d’onde en mouvement, représentations graphiques tridimensionnelles d’extraits d’une émission radiophonique : Pour en finir avec le jugement de Dieu. Il crée ainsi une exposition qui, par la combinaison des techniques utilisées, n’est pas sans évoquer l’idée d’un spectacle total cher à Artaud. Total, ce spectacle l’est également par la richesse des sens et des paradoxes qui la sous-tendent. Il y a tout d’abord l’emploi d’une technologie de pointe pour mettre en exergue la critique du dramaturge envers une modernité technique artificielle et productiviste à outrance. De fait, les mots d’Artaud mis en avant dans ces dispositifs sophistiqués sont tout entiers tournés vers une dénonciation de ces « ignobles ersatz synthétiques où la nature vraie n’a que faire ». En outre, ces systèmes sont mis en branle par les mouvements du public. Là aussi, la technologie tant décriée par Artaud réalise pourtant sa prémonition d’un art total impliquant directement le spectateur. Par ailleurs, la présence de formes d’ondes matérialisant la transcription électrique de la voix du dramaturge et le fait même que, pour que tout cet environnement fonctionne, l’électricité soit nécessaire, souligne une forme schizophrénique qui fait en outre écho à la condition psychiatrique d’Artaud. Cela rentre non seulement en contradiction avec sa dénonciation, d’une modernité factice et violente, d’une société machinique, mais fait également écho aux terribles séances d’électrochocs qu’il a subies pour traiter ses problèmes mentaux ; sismothérapie qu’il percevait comme un supplice le laissant brisé et anéanti. Et c’est ce réseau complexe de liens et de paradoxes que Ronald Dagonnier nous livre au travers de son dispositif. En mettant en exergue une critique virulente de la technicité, il se libère de toute forme de servitude ou de complaisance par rapport à ses propres outils. Il concrétise dès lors la gageure d’une exposition qui, par la réalisation d’un oxymore technologique, crée l’expérience d’un enchantement étrange.
Gauthier Simon